"SNCF, la machine infernale": infernal livre de propagande.

 

Un nouveau livre avec de vieilles idées

La SNCF fait décidément couler beaucoup d'encre. La critiquer devient le sport favori de journalistes peu objectifs mais très fidèles relais des idées libérales. Le dernier livre en date "SNCF, la machine infernale" n'échappe hélas pas à cette funeste mode.

Quels sentiments peut-on avoir lorsque l'on est usager ou cheminot sur un livre qui parle de la SNCF comme d'un "mammouth ferroviaire" qui" ressemble à ces compagnies issues des anciens pays de l'Est", parlant de" mythologie du service public" ou encore de "service public qui fonctionne à l'avantage des cheminots et au détriment du contribuable", pour finir en apothéose sur une métaphore comparant la SNCF à la mâchoire d'une vieille dame qui aurait besoin d'une bonne intervention chirurgicale? A la fin du livre on a le sentiment que la SNCF est complètement "sclérosée", les cheminots,"cette coûteuse bureaucratie", des fainéants et qu'un état volontariste qui se déciderait enfin à la privatiser serait la meilleure solution.

Il ne s'agit pas de dire que la SNCF n'est sujet à aucune critique, ce n'est pas nous syndicalistes qui nous battons quotidiennement pour un meilleur service public qui diront le contraire.

Mais pour que la critique soit sérieuse il faut une certaine objectivité que visiblement nos trois journalistes n'ont pas eu.

 

264 pages de dénigrements

Passons sur les 13 erreurs relevées dans le livre par la revue la VIE DU RAIL qui montrent le sérieux de l'enquête journalistique.

Comment ignorer que le TGV reste une réussite technologique très enviée, à tel point que tout maire de grande ville qui se respecte, de gauche comme de droite, réclame la construction de SA ligne TGV ?

Que la sécurité ferroviaire est des plus efficaces au point de rendre le train, le moyen de transport le plus sûr de France ?

Que malgré des retards nous restons une des entreprises ferroviaires les plus ponctuelles au monde ?

Evidemment pour constater cela il aurait fallu comparer la SNCF à d'autres entreprises ferroviaires européennes comme l'Angleterre où  là, le dentiste s'est attaqué à la mâchoire de la vieille dame.

Il aurait fallu qu'un journaliste suive un contrôleur sur une semaine pour se rendre compte que ses repos hors résidence ne sont pas "souvent injustifiés" et qu'après un travail dans des conditions pas toujours évidentes "les généreuses vacances qu'ils s'octroient" sont amplement justifiées.

Comment reprocher à la SNCF son endettement sans expliquer que le rail est le seul mode de transport qui a financé ses propres infrastructures ? Car aujourd'hui quelle serait la santé financière d'Air France si celle-ci avait dû construire à ses frais les 190 aéroports français, des grandes compagnies de transports routiers si elles avaient financé les autoroutes ou les ports pour les compagnies maritimes ?

Comment peut-on reprocher dans le même livre les vraies magouilles des entreprises de BTP lors de la construction des lignes à grandes vitesses et présenter Loïk le Floch-Prigent, qui a été condamné pour le détournement de 300 millions d'Euros à ELF, comme le dirigeant modèle, le fameux dentiste ?

Enfin comment critiquer le déficit du FRET sans parler de la concurrence déloyale des camions qui pratiquent un dumping social dangereux et coûteux pour la société ? Le tout- camion s'est effectué au détriment des conditions de travail des chauffeurs routiers et de la sécurité de tous. En effet ils sont une des rares professions à avoir une dérogation spéciale  qui permet à 39% d'entre eux de travailler 56 heures par semaine alors que la majorité des salariés sont aux 35 heures. Résultat 1/3 des contrôles de l'inspection du travail révèlent des infractions au code du travail et les poids lourds sont plus ou moins directement  responsables de la mort de 1005 personnes et 7390 blessés en 2001. Sans compter qu'ils dégagent 129 fois plus de gaz carbonique (à forte dose nuisible à la couche d'ozone) que le transport ferroviaire.

 

Infernale machine de propagande

Ce livre est infernal. C'est l' une des pièces d'une machine de propagande très puissante, qui va de J-P PERNAULT sur TF 1 à 13h en passant par les régulières publications anti-grèves, anti-cheminots: anti-services publics en fin de compte. Cette machine infernale-là, ne supporte plus de voir qu'une entreprise publique peut-être plus performante qu'une boite privée, c'est idéologiquement inconcevable. De voir des cheminots solidaires qui peuvent se battre sur des sujets de société comme la réforme des retraites à la sauce libérale, leur est de plus en plus insupportable. Alors il faut la casser, la discréditer, utiliser tous les moyens possibles afin de convaincre les usagers/électeurs qu'une opération s'impose. Que la privatisation enfin, serait la meilleure solution et qu'il faut arrêter de vivre dans le passé "soviétique". Et bien non les cheminots sont pour la plupart fiers de leur service public et c'est pour cela qu'ils se battent pour l'améliorer, afin de le rendre encore plus efficace, plus ponctuel, toujours aussi sécurisé, tout en voulant préserver leurs conditions de travail et pourquoi pas les améliorer, car cela contrairement à ce que nous rabache la machine infernale, ce n'est pas contradictoire.